Le projet Carteco recense sur une carte interactive et thématique les structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) à l’échelle du territoire national. Chez Teritorio ce projet nous tient à cœur tant pour les principes induits par l’ESS (qui se retrouvent jusque dans nos statuts) que par la belle synergie mise en œuvre pour le déployer. Cette initiative est à un moment clé de son développement, une croisée des chemins qui met en lumière la fragile singularité du modèle économique des communs numériques.
Histoire et caractéristiques du projet
Le projet démarre en 2019 lorsque, à l’initiative d’un groupe de travail sur la transition écologique et l’économie circulaire animé par Aurore Médieu, le Conseil National des Chambres Régionales de l’ESS (CNCRESS) invitent Christian Renoulin (Mieux Trier à Nantes) et Vincent Bergeot (notre sympathique DG) pour présenter OpenStreetMap et différents outils numériques permettant la création de cartes collaboratives. Malgré la crise de la Covid 19, durant laquelle le CNCRESS est dissout pour laisser la place à la nouvelle entité ESS France, le projet fait son petit bonhomme de chemin.
Fin 2020, il est décidé d’utiliser Gogocarto, logiciel libre développé par Sebastian Castro. Ce logiciel et son instance historique (gogocarto.fr) sont déjà utilisés par de belles initiatives telles que Près de chez nous, Transiscope, Zero waste, pour n’en citer que quelques unes. Autant de communautés qui se fondent sur les mêmes valeurs que l’ESS.
Le déploiement officiel de Carteco a lieu le 2 juin 2021. La carte s’appuie à la fois sur des données issues d’OpenStreetMap (travail d’intégration réalisé par Carto’Cité) et sur des données agrégées par les CRESS. Elle se structure autour de 6 thèmes : Gestion des ressources et déchets, Agriculture et alimentation durables, Bâtiment durable, Mobilité responsable, Éducation à l’environnement et Accompagner la transformation.
Un modèle vertueux…
Hébergé par Teritorio, piloté par ESS-France, Carteco est un bel exemple de la richesse du monde des communs numériques, des possibilités qu’offre celui des logiciels libres, et des différentes passerelles qui peuvent réunir les deux. Ainsi ont embarqué avec nous Vincent Farcy (en appui de Sebastian pour le développement de nouvelles fonctionnalités sur Gogocarto*), Cécile Guégan de Dataterra, Carto’Cité et Adrien Pavie (membres de la toujours dynamique Fédération des Pros d’OSM). C’est aussi depuis plusieurs années une série de formations à l’adresse des CRESS pour les acculturer au monde des logiciels libres, d’OpenStreetMap et des communs numériques, ou encore la présentation de Carteco par Aurore et celle de GoGoCarto par Sebastian lors du State of the Map 2022 à Nantes. Ce sont des liens qui se construisent ; toutes ces petites tuiles finissent par faire une jolie carte.
…qui reste à consolider…
Si la facilité d’accès et d’usage par le plus grand nombre reste la priorité, il faut toutefois reconnaitre la fragilité du fonctionnement d’une plateforme comme Gogocarto qui reste essentiellement tributaire de la volonté, de la compétence et du temps de quelques personnes. Coincé entre le marteau de la gratuité à laquelle l’imaginaire collectif le rattache souvent et l’enclume de la performance telle que standardisée par les géants de la tech, ce modèle nécessite en effet ingéniosité et solidarité. Maintenir un niveau de performance constant d’une telle instance implique un travail – rémunéré – de développement web régulier.
…à plusieurs niveaux
Ce développement vise aussi à mieux faire connaitre le projet Carteco ainsi que l’un de ses principaux fondements : l’implémentation de données primaires sur OSM. Elles seront ainsi, librement, à disposition de tous, dans ce même mouvement alliant partage de la connaissance et sortie des silos. Ou, en d’autres termes : ouvrir ses datas pour ouvrir ses chakras !
Tout seul on va très vite, ensemble on va plus loin
Pour participer à la viabilité économique du projet nous faisons donc le pari de la solidarité, en déployant bientôt une instance pro (gogocarto.pro dont une partie encore à définir sera reversée pour le projet) et en relayant l’appel à don (hop, c’est par ici). Selon les préceptes véhiculés par l’ESS, il s’agit surtout pour celles et ceux qui peuvent et qui le veulent de participer à la pérennisation d’un outil dont l’accès et l’usage demeure et demeurera libre et aisément accessible.
* La possibilité de contribuer à OpenStreetMap, l’interopérabilité, l’ajout du module SIRET, les territoires d’interventions, des champs structurés pour les réseaux, mais aussi la résolution de nombreux bugs, … autant de nouvelles fonctionnalités qui ont rejoint le pot commun de GoGoCarto et sont aujourd’hui déployées sur toutes les instances de GoGoCarto à jour, dont l’historique gogocarto.fr (forte de plus de 7000 cartes au moment de l’écriture des ces mots).
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